CV.

Wabi-Sabi Part I

Le Box, Marc Feraud, Marseille, 2021

Turtle, 2019, ceramic, 33 x 18 cm.

Feet in the garden, 2021, acrylic and oil on panel, 20 x 27 cm.

Composition à la bande cuivre, 2019. Turtle, 2019. Feet in the garden, 2021.

Feet in the garden, 2021. Dyptique, 2021, composé de : Verdure, 2020, Icône, 2020, Copper and ribbon, 2018.

Icône, 2020, acrylic on canvas, 24 x 18 cm. Copper and ribbon, 2018, 195 x 1,30 cm (Detail).

Paradise Gate, 2019, acrylic on canvas, 195 x 150 cm.

Grid, 2021. Le voile, 2021.

Grid, 2021. Le voile, 2021. Polyptyque, 2021, composé de : Composition noir à la bande blanche, 2014, Abstract Moiré I, 2021, Abstract Moiré II, 2021, Abstract Stripe, 2014.

Polyptyque, 2021, composé de : Composition noir à la bande blanche, 2014, Abstract Moiré I, 2021, Abstract Moiré II, 2021, Abstract Stripe, 2014.

Drapeau aux deux plumes de paon, 2020, 250 cm.

Paradise, 2020. After Masaccio, 2019. Polyptyque, 2021.

Paradise, 2020, acrylic and oil on panel, 20 x 27 cm.

Collection Féraud / Fonds M-Arco.

After Masaccio, 2019, acrylic on canvas, 195 x 150 cm.

Collection Féraud / Fonds M-Arco.

Polyptyque, 2021 : Ciel I, 2021, acrylic on canvas, 195 x 150 cm, Ciel II, 2021, acrylic on canvas, 195 x 150 cm, Composition cuivre aux deux bandes bronze et cuivrée, 2016, acrylic on canvas, 195 x 150 cm.

Photos Denis Prisset 

Composition à la bande bronze, 2019. Composition à la bande blanche, 2019. Composition à la bande cuivre, 2019.

La peinture occidentale a beaucoup cherché à représenter le jardin d’Eden : combien de fresques, combien de toiles, combien de tapisseries sont l’objet du «paradis perdu», celui d’avant la chute. Mais le paradis, celui auquel tout croyant aspire, celui qui concentre tous les plaisirs refusés sur terre, constitue une sorte de point aveugle. Peu d’artistes se sont risqués à en faire le sujet de leur œuvre. Le poète a préféré les paradis artificiels mais ce paradis, celui d’après la mort, il semble comme interdit de représentation.

Anne-Laure Sacriste transgresse cet interdit avec ces toiles. Elle défait les ordres, elle joue sur les images des artistes qui l’ont précédée. 

On pourrait croire son paradis, celui d’Ève et d’Adam. On sait l’artiste auteur d’une série de nus du couple originel. Et son travail ne questionne-t-il pas en permanence l’origine, la teinte des murs de la caverne, la première couleur une fois que la lumière fut.

On pourrait croire son paradis végétal, agencement infini que l’on croit répétitif si l’on ne prête attention et qui s’avère à mieux y regarder une extraordinaire variation de formes et de couleurs. Sacriste passe de longues heures à tenter de saisir la vérité des feuilles de lotus, faisant de ce patient travail de saisie, de ce processus, la matière même de son œuvre.

On pourrait croire son paradis un espace ouvert, que nul cadre ne saurait contraindre ou limiter. Pour celle ou celui qui est familier de ses peintures, on sait que Sacriste aime à reprendre d’un tableau à l’autre un motif, à faire de son atelier puis de la salle d’exposition un unique support sur lequel une image unique se déploie.

Mais ce paradis n’est ni virginal, ni végétal, ni ouvert : il est une voûte céleste; il est sombre et lumineux comme un ciel dégagé, il est encadré par une colonne, on ne peut y entrer, il est vision et seulement vision.

Peut-être, mais l’artiste ne manquera pas de démentir, c’est ainsi que Sacriste pense la peinture, comme un espace que l’on n’atteint jamais, comme un lieu que l’on ne prend jamais, comme une forme d’absolu qui se dérobe.

Le spectateur n’entrera donc pas : sur le seuil, il restera. C’est cela le paradis, une projection que l’on contemple et que l’on ne peut que contempler. Une sagesse sensible, peut-être.


Philippe Artières

© Anne Laure Sacriste, 2024